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Renan et la science arabe

 Ernest Renan est un écrivain breton, anticlérical, colonial et islamophobe, à la manière des intellectuels de la Troisième  République, ceux qui voulaient "apporter la lumière aux races inférieures", tel Jules Ferry et beaucoup d'autres. 

Dans une conférence tenue à la Sorbonne en 1883, Renan expose brillamment tous les poncifs coloniaux sur l'islam, les Arabes et la science. Pour Renan, les sciences islamiques n'ont pas apporté grand chose au genre humain, et de plus, l'apport arabe à la science islamique est nul ou presque... D'après lui, les Arabes seraient nuls dans à peu près tous les domaines, et notamment dans le domaine scientifique. Etudions de plus près l'argumentation du philosophe breton.



"Toute personne un peu instruite des choses de notre temps voit clairement l’infériorité actuelle des pays musulmans, la décadence des États gouvernés par l’islam, la nullité intellectuelle des races qui tiennent uniquement de cette religion leur culture et leur éducation. Tous ceux qui ont été en Orient ou en Afrique sont frappés de ce qu’a de fatalement borné l’esprit d’un vrai croyant, de cette espèce de cercle de fer qui entoure sa tête, la rend absolument fermée à la science, incapable de rien apprendre ni de s’ouvrir à aucune idée nouvelle. A partir de son initiation religieuse, vers l’âge de dix ou douze ans, l’enfant musulman, jusque-là quelquefois assez éveillé, devient tout à coup fanatique, plein d’une sotte fierté de posséder ce qu’il croit la vérité absolue, heureux comme d’un privilège de ce qui fait son infériorité. Ce fol orgueil est le vice radical du musulman. L’apparente simplicité de son culte lui inspire un mépris peu justifié pour les autres religions. Persuadé que Dieu donne la fortune et le pouvoir à qui bon lui semble, sans tenir compte de l’instruction ni du mérite personnel, le musulman a le plus profond mépris pour l’instruction, pour la science, pour tout ce qui constitue l’esprit européen. Ce pli inculqué par la foi musulmane est si fort que toutes les différences de race et de nationalité disparaissent par le fait de la conversion à l’islam. Le Berber, le Soudanien, le Circassien, l’Afghan, le Malais, l’Égyptien, le Nubien, devenus musulmans, ne sont plus des Berbers, des Soudaniens, des Égyptiens, etc. ; ce sont des musulmans. La Perse seule fait ici exception ; elle a su garder son génie propre ; car la Perse a su prendre dans l’islam une place à part ; elle est au fond bien plus chiite que musulmane."

Renan reproche aux musulmans leur "fol orgueil", comme si lui-même ne faisait pas preuve d'une arrogance démesurée en considérant que seuls les Européens seraient capables d'esprit scientifique dans le monde. Les musulmans ne méprisent pas la science et au contraire un hadith authentique ordonne d'aller la chercher jusqu'en Chine.  

"Il y a dans les faits qu’on allègue une très réelle part de vérité. Oui ; de l’an 775 à peu près, jusque vers le milieu du treizième siècle, c’est-à-dire pendant 500 ans environ, il y a eu dans les pays musulmans des savants, des penseurs très distingués. On peut même dire que, pendant ce temps, le monde musulman a été supérieur, pour la culture intellectuelle, au monde chrétien. Mais il importe de bien analyser ce fait pour n’en pas tirer des conséquences erronées. Il importe de suivre siècle par siècle l’histoire de la civilisation en Orient pour faire la part des éléments divers qui ont amené cette supériorité momentanée, laquelle s’est bientôt changée en une infériorité tout à fait caractérisée. Rien de plus étranger à tout ce qui peut s’appeler philosophie ou science que le premier siècle de l’islam. Résultat d’une lutte religieuse qui durait depuis plusieurs siècles et tenait la conscience de l’Arabie en suspens entre les diverses formes du monothéisme sémitique, l’islam est à mille lieues de tout ce qui peut s’appeler rationalisme ou science. Les cavaliers arabes qui s’y rattachèrent comme à un prétexte pour conquérir et piller furent, à leur heure, les premiers guerriers du monde ; mais c’étaient assurément les moins philosophes des hommes. Un écrivain oriental du treizième siècle, Aboulfaradj, traçant le caractère du peuple arabe, s’exprime ainsi: « La science de ce peuple, celle dont il se faisait gloire, était la science de la langue, la connaissance de ses idiotismes, la texture des vers, l’habile composition de la prose. . . Quant à la philosophie, Dieu ne lui en avait rien appris, et ne l’y avait pas rendu propre. » Rien de plus vrai. L’Arabe nomade, le plus littéraire des hommes, est de tous les hommes le moins mystique, le moins porté à la méditation."

Lors du premier siècle de l'islam, les musulmans ont conquis un territoire immense et fondé un Etat. Il semble qu'ils n'avaient alors pas le temps de s'occuper de philosophie. Les premiers Romains non plus d'étaient pas de grands philosophes, pas plus que les premiers Hébreux, les premiers Carthaginois, ou les premiers Perses. 

Effectivement au 7ème siècle, à l'époque du bon roi Dagobert, la plupart des peuples ne s'intéressaient que moyennement au développement de la science, pris par des occupations plus prosaïques. Ce fait peut se vérifier un peu partout dans le monde, en Arabie, en France, en Angleterre et partout  où il n'y avait pas encore un Etat fort pour assurer la sécurité du peuple.

D'après Renan, les Arabes de l'époque étaient les "moins philosophes des hommes". Qu'est qui lui permet de prétendre que les Arabes étaient moins philosophes que les Gallo-Romains, les Mongols, les Celtes, ou les membres de n'importe quel autre peuple ? Rien. Renan diffame, pour le compte de la propagande coloniale de l'époque, qui existe toujours malheureusement au 21ème siècle dans la France néolibérale.

Si on en croit AboulFaraj (Bar Hebreus) les Arabes seraient surtout doués pour la poésie et la grammaire, et non pour la philosophie. La critique provient d'un vaincu qui hait ses conquérants et tente donc de les dénigrer par tous les moyens. Il s'agit simplement d'un texte polémique présenté par Renan comme une vérité absolue.

Selon Renan, l'Arabe serait le moins mystique de tous les hommes et le moins porté à la méditation. Et c'est pourtant en Arabie qu'est né l'islam, la religion dont les adeptes sont justement taxés du plus grand fanatisme ! Il faudrait que Renan nous explique pourquoi il prétend que les Arabes seraient moins mystiques que les Touaregs ou les Eskimos. Moins mystiques que les Celtes ou les Slaves. Il s'agit juste d'une assertion sans fondement. Pas le moindre élément de preuve n'est présenté. Il s'agit tout simplement de propagande coloniale diffamatoire.


 L’Arabe religieux se contente, pour l’explication des choses, d’un Dieu créateur, gouvernant le monde directement-et se révélant à l’homme par des prophètes successifs.

Les autres monothéistes croient plus ou moins exactement la même chose. Et d'ailleurs tous les Arabes n'étaient pas musulmans à l'époque pas plus que de nos jours. Il y avait des Arabes chrétiens, des Arabes juifs, et il restait quelques païens.


 "Aussi, tant que l’islam fut entre les mains de la race arabe, c’est-à-dire sous les quatre premiers califes et sous les Omeyyades, ne se produisit-il dans son sein aucun mouvement intellectuel d’un caractère profane. Omar n’a pas brûlé, comme on le répète souvent, la bibliothèque d’Alexandrie ; cette bibliothèque, de son temps, avait à peu près disparu ; mais le principe qu’il a fait triompher dans le monde était bien en réalité destructeur de la recherche savante et du travail varié de l’esprit".

Après nous avoir asséné que les Arabes n'étaient pas de grands mystiques, le breton Renan nous affirme qu'ils n'étaient pas de grands intellectuels non plus... C'est un peu comme si on accusait les bretons de n'être qu'un ramassis de dégénérés alcooliques, ou les auvergnats de n'être qu'une bande d'abrutis rapaces et sournois. Il s'agit juste de préjugés à la limite du racisme, qui n'apportent absolument rien au débat historique. L'islam n'a pas découragé la science mais l'a au contraire appuyée depuis le début par quelques hadiths non équivoques. Rechercher la science est une obligation religieuse islamique. Le développement intellectuel du monde musulman du moyen-âge n'est pas dû au hasard.



 "Tout fut changé, quand, vers l’an 750, la Perse prit le dessus et fit triompher la dynastie des enfants d’Abbas sur celle des Beni-Omeyya. Le centre de l’islam se trouva transporté dans la région du Tigre et de l’Euphrate. Or, ce pays était plein encore des traces d’une des plus brillantes civilisations que l’Orient ait connues, celle des Perses Sassanides, qui avait été portée à son comble sous le règne de Chosroès Nouschirvan. L’art et l’industrie florissaient en ces pays depuis des siècles. Chosroès y ajouta l’activité intellectuelle. La philosophie, chassée de Constantinople, vint se réfugier en Perse ; Chosroès fit traduire les livres de l’Inde. Les chrétiens nestoriens, qui formaient l’élément le plus considérable de la population, étaient versés dans la science et la philosophie grecques ; la médecine était tout entière entre leurs mains ; leurs évêques étaient des logiciens, des géomètres. Dans les épopées persanes, dont la couleur locale est empruntée aux temps sassanides, quand Roustem veut construire un pont, il fait venir un djathalik (catholicos, nom des patriarches ou évêques nestoriens) en guise d’ingénieur."

La Mésopotamie était le berceau de civilisations brillantes bien avant les Sassanides. Les Sumériens, les Akkadiens, les Babyloniens, les Assyriens y ont inventé l'écriture, l'urbanisme, les mathématiques, la médecine... Les savant grecs ont souvent étudié à Babylone, tout comme en Egypte. Pythagore et Hypocrate sont passés par les écoles babyloniennes, et y ont puisé une grande partie de leur inspiration, quand ils n'ont pas tout simplement pillé la science orientale en jouant ensuite les novateurs sans bien sûr citer leurs sources. Les Mésopotamiens étaient chrétiens à l'époque sassanide, après avoir renié leur paganisme originel. Ils avaient conservé une grande partie de la science de leurs ancêtres, sans même avoir à passer par le truchement grec. La science irakienne n'est pas un produit d'importation. Ce sont les autres peuples qui sont venus s'instruire en Mésopotamie, une région peuplée de Sumériens sémitisés et de sémites babyloniens, proches cousins des Arabes, peuple hantant un désert limitrophe de la Mésopotamie et parlant une langue apparentée aux langues irakiennes. Les Mésopotamiens parlaient l'araméen, à l'époque de la conquête arabe. Cette langue sémitique était d'ailleurs la langue administrative de l'Empire Perse depuis le 3ème siècle avant JC, ce qui a facilité l'arabisation (incomplète) et l'islamisation de ce pays.


"Le terrible coup de vent de l’islam arrêta net, pendant une centaine d’années, tout ce beau développement iranien. Mais l’avènement des Abbasides sembla une résurrection de l’éclat des Chosroès. La révolution qui porta cette dynastie au trône fut faite par des troupes persanes, ayant des chefs persans. Ses fondateurs, Aboul-Abbas et surtout Mansour, sont toujours entourés de Persans. Ce sont en quelque sorte des Sassanides ressuscités ; les conseillers intimes, les précepteurs des princes, les premiers ministres sont les Barmékides, famille de l’ancienne Perse, très éclairée, restée fidèle au culte national, au parsisme, et qui ne se convertit à l’islam que tard et sans conviction. Les nestoriens entourèrent bientôt ces califes peu croyants et devinrent, par une sorte de privilège exclusif, leurs premiers médecins. Une ville qui a eu dans l’histoire de l’esprit humain un rôle tout à fait à part, la ville de Harran, était restée païenne et avait gardé toute la tradition scientifique de l’antiquité grecque ; elle fournit à la nouvelle école un contingent considérable de savants étrangers aux religions révélées, surtout d’habiles astronomes."

Les Nestoriens sont des Irakiens des souche, des Sémites apparentés aux Arabes et Yéménites. Des mouvements de population entre péninsule arabe et Mésopotamie ont eu lieu depuis la préhistoire. En Syrie, en Turquie du sud, des peuples pré-sémitiques parents des Arabes, ont inventé l'agriculture et l'élevage, il y a 10.000 ans. Il s'agit de la première civilisation de l'histoire. Il ne s'agit pas de sauvages civilisés par les Grecs. Ce sont eux au contraire qui ont amené la civilisation en Grèce, notamment lors des migrations des agriculteurs anatoliens, au 5ème millénaire avant JC, et lors des expéditions phéniciennes qui ont apporté l'alphabet aux Hellènes.

Si la Perse a connu une civilisation brillante depuis l'Antiquité, personne ne connait de grands savants perses avant l'islam. Il est vrai qu'à l'époque les savants ne signaient pas leur oeuvres. Il semble que la conquête arabe ait libéré le pays de l'oppression du clergé mazdéen et de la noblesse sassanide, ce qui a permis l'éclosion intellectuelle du pays et l'apparition d'un nombre impressionnant de génies scientifiques, théologiques et littéraires (Avicenne, Alghazzali, Al khawarizmi...)


Bagdad s’éleva comme la capitale de cette Perse renaissante. La langue de la conquête, l’arabe, ne put être supplantée, non plus que la religion tout à fait reniée ; mais l’esprit de cette nouvelle civilisation fut essentiellement mixte. Les Parsis, les chrétiens, l’emportèrent ; l’administration, la police en particulier, fut entre les mains des chrétiens. Tous ces brillants califes, contemporains de nos Carlovingiens, Mansour, Haroun al-Raschid, Mamoun sont à peine musulmans. Ils pratiquent extérieurement la religion dont ils sont les chefs, les papes, si l’on peut s’exprimer ainsi ; mais leur esprit est ailleurs. Ils sont curieux de toute chose, surtout des choses exotiques et païennes ; ils interrogent l’Inde, la vieille Perse, la Grèce surtout. Parfois, il est vrai, les piétistes musulmans amènent à la cour, d’étranges réactions ; le calife, à certains moments, se fait dévot et sacrifie ses amis infidèles ou libres penseurs ; puis le souffle de l’indépendance reprend le dessus ; alors le calife rappelle ses savants et ses compagnons de plaisir, et la libre vie recommence, au grand scandale des musulmans puritains.

L'administration abbasside était en partie composée de chrétiens irakiens sémites, mais la dynastie omeyade  avait procédé de la même manière, l'administration de cet empire étant en grande partie aux mains des chrétiens syriens, trop contents de s'être débarrassés de l'oppression byzantine. La réalité est que ce sont les Omeyades qui ont fondé l'empire arabo-islamique, s'étendant de la France à la Chine, et que les Abbassides l'ont consolidé pour ensuite développer une immense civilisation, arabo-perse et islamo-judéo-chrétienne, qui a perduré jusqu'à l'arrivée des Mongols.

Etre musulman n'empêche pas d'être curieux de toute chose. La technique de Renan consiste à présenter tous les comportements normaux et positifs comme non musulmans, alors que l'islam stipule que Dieu a crée des peuples et des tribus pour qu'ils fassent connaissance et qu'il faut rechercher la science jusqu'en Chine. L'islam réel a fait preuve au cours de l'histoire d'une assez grande ouverture d'esprit, alors que dans d'autres contrées, les juifs étaient brûlés et les musulmans expulsés ou convertis de force.


"Un véritable mouvement philosophique et scientifique fut la conséquence de ce ralentissement momentané de la rigueur orthodoxe. Les médecins syriens chrétiens, continuateurs des dernières écoles grecques, étaient fort versés dans la philosophie péripatéticienne, dans les mathématiques, dans la médecine, l’astronomie. Les califes les employèrent à traduire en arabe l’encyclopédie d’Aristote, Euclide, Galien, Ptolémée, en un mot tout l’ensemble de la science grecque tel qu’on le possédait alors. Des esprits actifs, tels qu’Alkindi, commencèrent à spéculer sur les problèmes éternels que l’homme se pose sans pouvoir les résoudre. On les appela filsouf (philosophos), et dès lors ce mot exotique fut pris en mauvaise part comme désignant quelque chose d’étranger à l’islam. Filsouf devint chez les musulmans une appellation redoutable, entraînant souvent la mort ou la persécution, comme zendik et plus tard farmaçoun (franc-maçon). C’était, il faut l’avouer, le rationalisme le plus complet qui se produisait au sein de l’islam. Une sorte de société philosophique, qui s’appelait les Ikhwan es-safa, « les frères de la sincérité, » se mit à publier une encyclopédie philosophique, remarquable par la sagesse et l’élévation des idées. Deux très grands hommes, Alfarabi et Avicenne, se placent bientôt au rang des penseurs les plus complets qui aient existé. L’astronomie et l’algèbre prennent, en Perse surtout, de remarquables développements. La chimie poursuit son long travail souterrain, qui se révèle au dehors par d’étonnants résultats, tels que la distillation, peut-être la poudre. L’Espagne musulmane se met à ces études à la suite de l’Orient ; les juifs y apportent une collaboration active. Ibn-Badja, Ibn-Tofaïl, Averroès élèvent la pensée philosophique, au douzième siècle, à des hauteurs où, depuis l’antiquité, on ne l’avait point vue portée."

Les traductions effectuées à l'époque ne concernaient pas uniquement la science grecque mais aussi les mathématiques indiennes. Les chiffres indiens et le zéro ont été importés de l'Inde. La science islamique écrite en arabe a pour source la Grèce et l'Inde, mais aussi l'ancienne science babylonienne, vieille de plusieurs millénaires, de même que la science égyptienne elle aussi plurimillénaire. C'est toute la science orientale et grecque qui a été synthétisée et perfectionnée pour obtenir cette science arabo-islamique qui a éclairé le monde pendant un demi millénaire. La plupart des historiens oublient d'étudier le lien direct existant entre la science babylonienne et celle de l'islam, pensent que la Grèce  est l'unique source d'inspiration des savants musulmans, occultent le fait que cette science grecque est elle-même originaire d'Orient.

"Tel est ce grand ensemble philosophique, que l’on a coutume d’appeler arabe, parce qu’il est écrit en arabe, mais qui est en réalité gréco-sassanide. Il serait plus exact de dire grec ; car l’élément vraiment fécond de tout cela venait de la Grèce. On valait, dans ces temps d’abaissement, en proportion de ce qu’on savait de la vieille Grèce. La Grèce était la source unique du savoir et de la droite pensée. La supériorité de la Syrie et de Bagdad sur l’Occident latin venait uniquement de ce qu’on y touchait de bien plus près la tradition grecque. Il était plus facile d’avoir un Euclide, un Ptolémée, un Aristote à Harran, à Bagdad qu’à Paris. Ah ! si les Byzantins avaient voulu être gardiens moins jaloux des trésors qu’à ce moment ils ne lisaient guère ; si, dès le huitième ou le neuvième siècle, il y avait eu des Bessarion et des Lascaris ! On n’aurait pas eu besoin de ce détour étrange qui fit que la science grecque nous arriva au douzième siècle, en passant par la Syrie, par Bagdad, par Cordoue, par Tolède. Mais cette espèce de providence secrète qui fait que, quand le flambeau de l’esprit humain va s’éteindre entre les mains d’un peuple, un autre se trouve là pour le relever et le rallumer, donna une valeur de premier ordre à l’œuvre, sans cela obscure, de ces pauvres Syriens, de ces filsouf persécutés, de ces Harraniens que leur incrédulité mettait au ban de l’humanité d’alors. Ce fut par ces traductions arabes des ouvrages de science et de philosophie grecque que l’Europe reçut le ferment de tradition antique nécessaire à l’éclosion de son génie."

Le premier philosophe grec, Thalès de Milet était d'origine phénicienne, de même que Pythagore, selon certaines sources. C'est le Phénicien Kadmos qui a appris l'écriture aux Grecs. Toute la science grecque est originaire d'Orient. Si les Babyloniens et Egyptiens avaient signé leurs oeuvres, ils seraient peut-être mieux reconnus aujourd'hui. Ce sont les Grecs qui semblent avoir inventé la coutume de signer les travaux scientifiques et littéraires, qui auparavant restaient anonymes, même lorsque ceux-ci avaient été pillés ailleurs, lors de voyages d'étude ou de traductions.

 Les orientalistes malveillants ont tendance a ignorer la science de l'Orient antique, alors même que cette science a précédé celle des Grecs de plusieurs millénaires. Ignorer ceux qui ont inventé l'agriculture, l'écriture, la comptabilité, le calcul et l'architecture, et prétendre qu'ils auraient tout pompé à leurs pilleurs grecs, c'est tout de même dépasser un peu les bornes. Bien évidemment les Grecs ont fortement développé l'apport oriental et leur génie ne saurait être nié. Il aurait néanmoins été bon qu'ils citent leurs sources au lieu de prétendre avoir tout inventé.


"Malheur à qui devient inutile au progrès humain ! Il est supprimé presque aussitôt. Quand la science dite arabe a inoculé son germe de vie à l’Occident latin, elle disparaît. Pendant qu’Averroès arrive dans les écoles latines à une célébrité presque égale à celle d’Aristote, il est oublié chez ses coreligionnaires. Passé l’an 1200 à peu près, il n’y a plus un seul philosophe arabe de renom. La philosophie avait toujours été persécutée au sein de l’islam, mais d’une façon qui n’avait pas réussi à la supprimer. A partir de 1200, la réaction théologique l’emporte tout à fait. La philosophie est abolie dans les pays musulmans. Les historiens et les polygraphes n’en parlent que comme d’un souvenir, et d’un mauvais souvenir. Les manuscrits philosophiques sont détruits et deviennent rares. L’astronomie n’est tolérée que pour la partie qui sert à déterminer la direction de la prière. Bientôt la race turque prendra l’hégémonie de l’islam, et fera prévaloir partout son manque total d’esprit philosophique et scientifique. A partir de ce moment, à quelques rares exceptions près, comme Ibn-Khaldoun, l’islam ne comptera plus aucun esprit large ; il a tué la science et la philosophie dans son sein."

Au 13ème siècle, Bagdad est détruite par les Mongols et sa population exterminée. Des millions de manuscrits sont détruits. C'est le début du déclin arabo-islamique. De plus, le Petit Age Glaciaire en Occident se traduit  dans le monde musulman par une sécheresse qui affame les villes et les campagnes. Les invasions barbares et les changements climatiques ont eu raison de la civilisation arabo-musulmane, qui ne fera alors que survivre, même si les Ottomans, les Moghols et les Perses ont encore réussi à faire briller l'islam pendant quelques temps. C'est la misère et la menace extérieure qui ont détruit la science arabe et provoqué une régression intellectuelle qui peut s'observer partout où la situation se détériore gravement.

Je n’ai point cherché, Messieurs, à diminuer le rôle de cette grande science dite arabe qui marque une étape si importante dans l’histoire de l’esprit humain. On en a exagéré l’originalité sur quelques points, notamment en ce qui touche l’astronomie ; il ne faut pas verser dans l’autre excès, en la dépréciant outre mesure. Entre la disparition de la civilisation antique, au sixième siècle, et la naissance du génie européen au douzième et au treizième, il y a eu ce qu’on peut appeler la période arabe, durant laquelle la tradition de l’esprit humain s’est faite par les régions conquises à l’islam. Cette science dite arabe, qu’a-t-elle d’arabe en réalité ? La langue, rien que la langue. La conquête musulmane avait porté la langue de l’Hedjaz jusqu’au bout du monde. Il arriva pour l’arabe ce qui est arrivé pour le latin, lequel est devenu, en Occident, l’expression de sentiments et de pensées qui n’avaient rien à faire avec le vieux Latium. Averroès, Avicenne, Albaténi sont des Arabes, comme Albert le Grand, Roger Bacon, François Bacon, Spinoza sont des Latins. Il y a un aussi grand malentendu à mettre la science et la philosophie arabes au compte de l’Arabie qu’à mettre toute la littérature chrétienne latine, tous les scolastiques, toute la Renaissance, toute la science du seizième et en partie du dix-septième siècle au compte de la ville de Rome, parce que tout cela est écrit en latin. Ce qu’il y a de bien remarquable, en effet, c’est que, parmi les philosophes et les savants dits arabes, il n’y en a guère qu’un seul, Alkindi, qui soit d’origine arabe ; tous les autres sont des Persans, des Transoxiens, des Espagnols, des gens de Bokhara, de Samarkande, de Cordoue, de Séville. Non seulement, ce ne sont pas des Arabes de sang ; mais ils n’ont rien d’arabe d’esprit. Ils se servent de l’arabe ; mais ils en sont gênés, comme les penseurs du moyen âge sont gênés par le latin et le brisent à leur usage. L’arabe, qui se prête si bien à la poésie et à une certaine éloquence, est un instrument fort incommode pour la métaphysique. Les philosophes et les savants arabes sont en général d’assez mauvais écrivains.

Selon Renan, si la science arabe est médiocre, elle n'est en plus pas arabe du tout mais juste écrite en arabe. Si Al  Kindi est d'origine yéménite, ce n'est pas le seul savant d'origine arabe. Les savants andalous sont presque tous issus d'un lignage arabe dont ils ont conservé les traces. Le mathématicien Ibn Haytham, est irako-égyptien, al Jazari est arabe syrien, Ibn khaldoun, dont l'oeuvre a été falsifiée par les Orientalistes coloniaux est lui-même andalou d'origine yéménite. Des dizaines d'autres scientifiques arabes sont arabophones et d'origine arabe. Ils n'écrivent pas seulement en arabe. Seuls les Persans peuvent être considérés comme des non arabes. Les autres, Andalous, Egyptiens par exemple sont des Arabes. Par contre Bacon et Spinoza ne parlaient pas latin dans leur vie quotidienne et ne pouvaient donc être considérés comme des Romains.

D'après Renan, les Arabes qui ont écrit des oeuvres scientifiques ne sont pas de vrais arabes. Les vrais Arabes, pour lui, ce sont probablement seulement les paysans des villages attardés ou les nomades. Tous les lettrés sont eux de faux arabes...

Croire que la population arabe se limite à l'Arabie, presqu'île pratiquement déserte à l'époque, c'est un peu comme affirmer que seuls les habitants de l'île-de-France peuvent être considérés comme des Français, les autres étant des bretons, picards ou occitans francisés, auquel cas on pourrait considérer Renan lui-même comme un celte francisé, et Blaise Pascal comme un occitan lui aussi francisé, son oeuvre étant une création occitane écrite en français mais n'ayant rien de français...

D'après Renan, la langue arabe n'est pas adaptée pour la science ou la philosophie ; quels arguments Renan utilise-t-il pour corroborer ces assertions ? Aucun. Il ne s'agit plus d'un discours historique ou linguistique, mais juste d'un discours polémique sans aucune valeur.

"Cette science n’est pas arabe. Est-elle du moins musulmane ? L’islamisme a-t-il offert à ces recherches rationnelles quelque secours tutélaire ? Oh ! en aucune façon ! Ce beau mouvement d’études est tout entier l’œuvre de parsis, de chrétiens, de juifs, de harraniens, d’ismaéliens, de musulmans intérieurement révoltés contre leur propre religion. Il n’a recueilli des musulmans orthodoxes que des malédictions. Mamoun, celui des califes qui montra le plus de zèle pour l’introduction de la philosophie grecque, fut damné sans pitié par les théologiens ; les malheurs qui affligèrent son règne furent présentés comme des punitions de sa tolérance pour des doctrines étrangères à l’islam. Il n’était pas rare que, pour plaire à la multitude ameutée par les imans, on brûlât sur les places publiques, on jetât dans les puits et les citernes les livres de philosophie, d’astronomie. Ceux qui cultivaient ces études étaient appelés zendiks (mécréants) ; on les frappait dans les rues, on brûlait leurs maisons, et souvent l’autorité, pour complaire à la foule, les faisait mettre à mort."


La théologie est aussi une forme de philosophie. Les théologiens qui combattaient les philosophes n'ont fait que participer à un débat au sein de l'islam. Dans toutes les civilisations il y a eu des luttes idéologiques, que ce soit pour des motifs religieux ou non. Il y a eu des guerres intellectuelles au sein de l'islam comme en celui du capitalisme, du christianisme ou du communisme. Cela prouve au moins que le débat était possible.

"L’islamisme, en réalité, a donc toujours persécuté la science et la philosophie. Il a fini par les étouffer. Seulement, il faut distinguer à cet égard deux périodes dans l’histoire de l’islam ; l’une, depuis ses commencements jusqu’au douzième siècle, l’autre, depuis le treizième siècle jusqu’à nos jours. Dans la première période, l’islam, miné par les sectes et tempéré par une espèce de protestantisme (ce qu’on appelle le motazélisme), est bien moins organisé et moins fanatique qu’il ne l’a été dans le second âge, quand il est tombé entre les mains des races tartares et berbères, races lourdes, brutales et sans esprit. L’islamisme offre cette particularité qu’il a obtenu de ses adeptes une foi toujours de plus en plus forte. Les premiers Arabes qui s’engagèrent dans le mouvement croyaient à peine en la mission du Prophète. Pendant deux ou trois siècles, l’incrédulité est à peine dissimulée. Puis vient le règne absolu du dogme, sans aucune séparation possible du spirituel et du temporel ; le règne avec coercition et châtiments corporels pour celui qui ne pratique pas ; un système, enfin, qui n’a guère été dépassé, en fait de vexations, que par l’Inquisition espagnole. La liberté n’est jamais plus profondément blessée que par une organisation sociale où le dogme règne et domine absolument la vie civile. Dans les temps modernes, nous n’avons vu que deux exemples d’un tel régime : d’une part, les États musulmans ; de l’autre, l’ancien État pontifical du temps du pouvoir temporel. Et il faut dire que la papauté temporelle n’a pesé que sur un bien petit pays, tandis que l’islamisme écrase de vastes portions de notre globe et y maintient l’idée la plus opposée au progrès : l’État fondé sur une prétendue révélation, le dogme gouvernant la société."

L'islam a en réalité toujours encouragé la science sauf pendant sa période de décadence. C'est quand il a été le plus fort qu'il a le mieux pu faire respecter l'injonction islamique appelant à rechercher la science sans relâche. Un hadith rapporte que le Prophète a dit que l'encre des savants étaient plus précieuse que le sang des martyrs. Quand l'islam s'est affaibli, il n'a plus pu faire respecter ses dogmes les plus essentiels et s'est consacré à sa survie dans la régression.

Dans la société abbasside, les dissidents politiques et religieux ont été sévèrement réprimés comme dans tous les Etats du monde, à l'époque de même que de nos jours. La répression de la dissidence est universelle : Galilée a été persécuté en Italie, Calvin a monté des bûchers pour combattre les hérétiques, les "sorcières" ont été brûlées en masse dans toute l'Europe, les Cathares ont été éradiqués, les trotskystes massacrés par Staline, les dissidents par Mao, les SA par les SS, partout, la contestation a été réprimée. Ce n'est pas cela qui explique le déclin de l'islam, mais plus probablement des raisons climatiques comme on l'a vu plus haut de même que les invasions mongoles qui, en détruisant Bagdad, ont sonné le glas de la civilisation arabo-islamique, qui n'a subsisté que sous forme d'une sorte reliquat ossifié.


"Les libéraux qui défendent l’islam ne le connaissent pas. L’islam, c’est l’union indiscernable du spirituel et du temporel, c’est le règne d’un dogme, c’est la chaîne la plus lourde que l’humanité ait jamais portée. Dans la première moitié du moyen âge, je le répète, l’islam a supporté la philosophie, parce qu’il n’a pas pu l’empêcher ; il n’a pas pu l’empêcher, car il était sans cohésion, peu outillé pour la terreur. La police était entre les mains des chrétiens et occupée principalement à poursuivre les tentatives des Alides. Une foule de choses passaient à travers les mailles de ce filet assez lâche. Mais, quand l’islam a disposé de masses ardemment croyantes, il a tout étouffé. La terreur religieuse et l’hypocrisie ont été à l’ordre du jour. L’islam a été libéral quand il a été faible, et violent quand il a été fort. Ne lui faisons donc pas honneur de ce qu’il n’a pas pu empêcher. Faire honneur à l’islam de la philosophie et de la science qu’il n’a pas tout d’abord anéanties, c’est comme si l’on faisait honneur aux théologiens des découvertes de la science moderne. Ces découvertes se sont faites malgré les théologiens. La théologie occidentale n’a pas été moins persécutrice que celle de l’islamisme. Seulement, elle n’a pas réussi, elle n’a pas écrasé l’esprit moderne, comme l’islamisme a écrasé l’esprit des pays qu’il a conquis. Dans notre Occident, la persécution théologique n’a réussi qu’en un seul pays : c’est en Espagne. Là, un terrible système d’oppression a étouffé l’esprit scientifique. Hâtons-nous de le dire, ce noble pays prendra sa revanche. Dans les pays musulmans, il s’est passé ce qui serait arrivé en Europe si l’Inquisition, Philippe II et Pie V avaient réussi dans leur plan d’arrêter l’esprit humain. Franchement, j’ai beaucoup de peine à savoir gré aux gens du mal qu’ils n’ont pas pu faire. Non ; les religions ont leurs grandes et belles heures, quand elles consolent et relèvent les parties faibles de notre pauvre humanité ; mais il ne faut pas leur faire compliment de ce qui est né malgré elles, de ce qu’elles ont cherché à empêcher. On n’hérite pas des gens qu’on assassine ; on ne doit point faire bénéficier les persécuteurs des choses qu’ils ont persécutées."

D'après Renan, c'est quand l'Islam était le plus fort qu'il n'arrivait pas à réprimer les hérésies et la science. Par contre, quand il s'est divisé et affaibli, alors là il a réussi à écraser toute vie intellectuelle... C'est surtout la  misère induite par le déclin qui a limité les possibilité d'enseignement et de recherche scientifique et a donc par conséquent tué ou amoindri la vie intellectuelle du monde musulman.

La science arabo-islamique s'est développée quand l'empire arabo-persan abbasside était fort et conquérant. Elle s'est écroulée avec cet empire, notamment suite au sac de Bagdad en 1258. A  l'époque de la splendeur islamique, la police et l'armée était aux mains des Arabes ou Turcs musulmans, pendant que l'administration était gérée par les chrétiens. La tolérance islamique s'est appliquée aux juifs et aux chrétiens et a permis le développement d'une civilisation très riche. C'est quand l'islam a commencé à subir les coups très violents des Mongols, des Croisés et de la Reconquista, qu'il s'est raidi et est devenu plus intolérant, tout est restant plus ouvert que les autres religions monothéistes. Il y a en islam un nombre important de sectes et de tendances qui ont perduré jusqu'à nos jours. Il y a toujours eu des chrétiens et des juifs dans le monde musulman. Ce n'est pas le fanatisme qui a provoqué le déclin mais le déclin, dû aux invasions barbares et à des problèmes climatiques, qui a provoqué le fanatisme ou ce qui est considéré comme du fanatisme par des gens qui sont eux-mêmes des racistes extrémistes et des nationalistes enragés. Le fanatisme qu'ils reprochent aux musulmans est chez ces propagandistes coloniaux incarné en un fanatisme racial génocidaire et esclavagiste qui représente une honte pour toute l'espèce humaine. Ces prétendus humanistes coloniaux sont en réalité des nazis massacreurs qui ont fait des centaines de millions de morts sur tous les continents depuis cinq siècles. Au prétendu fanatisme religieux ils opposent le fanatisme de la race. Ils se croient supérieurs au reste de l'humanité. Ils croient avoir le droit de mettre toute la planète en esclavage. Ils sont inhumains avec leur propre population. C'est la Troisième République qui a provoqué les deux guerres mondiales et des massacres coloniaux un peu partout, en Algérie, en Indochine, à Madagascar.

Derrière les diffamateurs se cachent les tortionnaires.


"C’est pourtant là ce que l’on fait quand on attribue à l’influence de l’islam un mouvement qui s’est produit malgré l’islam, contre l’islam, et que l’islam, heureusement, n’a pas pu empêcher. Faire honneur à l’islam d’Avicenne, d’Avenzoar, d’Averroès, c’est comme si l’on faisait honneur au catholicisme de Galilée. La théologie a gêné Galilée ; elle n’a pas été assez forte pour l’arrêter ; ce n’est pas une raison pour qu’il faille lui en avoir une grande reconnaissance. Loin de moi des paroles d’amertume contre aucun des symboles dans lesquels la conscience humaine a cherché le repos au milieu des insolubles problèmes que lui présentent l’univers et sa destinée ! L’islamisme a de belles parties comme religion ; je ne suis jamais entré dans une mosquée sans une vive émotion, le dirai-je ? sans un certain regret de n’être pas musulman. Mais, pour la raison humaine, l’islamisme n’a été que nuisible. Les esprits qu’il a fermés à la lumière y étaient déjà sans doute fermés par leurs propres bornes intérieures ; mais il a persécuté la libre pensée, je ne dirai pas plus violemment que d’autres systèmes religieux, mais plus efficacement. Il a fait des pays qu’il a conquis un champ fermé à la culture rationnelle de l’esprit."

Le développement scientifique ne s'est pas produit malgré l'Islam mais grâce à l'Islam. C'est l'islam qui ordonne d'étudier et d'apprendre. Les grands savants perses n'existaient pas avant l'islam. En Andalousie, l'explosion intellectuelle de l'époque des Omeyades andalous et des dynasties suivantes est le fait de la conquête islamique. Il y a eu certes quelques savant espagnols avant l'islam, tel par exemple Sénèque, mais rien de comparable à l'époque islamique. Pour dire que l'islam a brimé la science, il faut être un escroc intellectuel, un pervers abruti par l'alcool, un menteur colonial, ou tout simplement un idiot profond.

Averroès était un musulman pieux qui voulait arriver à la connaissance de Dieu par la raison alors qu'Al Ghazzali préférait la prière et l'invocation. Le débat sur la philosophie est un débat entre musulmans et non entre musulmans et athées. Renan reproche à l'islam d'avoir persécuté la libre pensée alors que la Troisième République pour laquelle il travaillait a massacré les Communards et réduit les habitants des colonies françaises à une sorte d'esclavage moderne, juste en raison de leur couleur de peau ou de leur religion.

Quand l'islam était fort, il a encouragé la science et la philosophie. Quand il s'est affaibli, il a juste cherché à survivre. L'enseignement a été affaibli par la pauvreté généralisée. Ce qui a empêché l'émergence de nouveaux savants.

"L’islam, en traitant la science comme son ennemie, n’est que conséquent ; mais il est dangereux d’être trop conséquent. L’islam a réussi pour son malheur. En tuant la science, il s’est tué lui-même, et s’est condamné dans le monde à une complète infériorité."

L'islam n'a pas plus traité la science en ennemie que la Chine ou l'Inde. Il a juste été affaibli à un point où il a été dominé et ruiné, ce qui a empêché la poursuite de toute recherche scientifique et tout enseignement de haut niveau, ce qui a aggravé encore sa situation. Actuellement, les pays islamiques tels l'Iran ou la Turquie investissent massivement dans la science alors qu'ils sont dirigés par des islamistes.  L'islam ordonne la recherche de la science et ne l'interdit pas. 


"La science est l’âme d’une société ; car la science, c’est la raison. Elle crée la supériorité militaire et la supériorité industrielle. Elle créera un jour la supériorité sociale, je veux dire un état de société où la quantité de justice qui est compatible avec l’essence de l’univers sera procurée. La science met la force au service de la raison. Il y a en Asie des éléments de barbarie analogues à ceux qui ont formé les premières armées musulmanes et ces grands cyclones d’Attila, de Gengiskhan. Mais la science leur barre le chemin. Si Omar, si Gengiskhan avaient rencontré devant eux une bonne artillerie, ils n’eussent pas dépassé les limites de leur désert. Il ne faut pas s’arrêter à des aberrations momentanées. Que n’a-t-on pas dit, à l’origine, contre les armes à feu, lesquelles pourtant ont bien contribué à la victoire de la civilisation ? Pour moi, j’ai la conviction que la science est bonne, qu’elle seule fournit des armes contre le mal qu’on peut faire avec elle, qu’en définitive elle ne servira que le progrès, j’entends le vrai progrès, celui qui est inséparable du respect de l’homme et de la liberté."

C'est le colonialisme, dont Renan est le chantre, qui a achevé de détruire la science en Inde, en Chine et dans le monde musulman. Et c''est justement ce thuriféraire du colonialisme le plus bestial qui vient donner des leçons de scientisme ! Le colonialisme a détruit l'enseignement en Inde comme en Algérie. Pour empêcher les peuples soumis de résister et de s'émanciper. Aujourd'hui le tiers monde tente de rattraper son retard. L'Iran par exemple produit des ordinateurs géants et des fusées. Le Pakistan a la bombe atomique. La science est de retour dans le monde de l'islam. Elle ne l'avait quitté que contrainte et forcée par les  invasions barbares et les coups de boutoir des Croisés et des agresseurs coloniaux. Quand l'islam était fort il a développé la science à un point éminent. S'il réussit à s'extirper des griffes de ses ennemis, il reviendra à sa tendance naturelle tolérante; industrieuse et scientiste.

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